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31.10.11

épisodies


Terribles. Elles endommagent tout ce qui est normalement facile à construire. Tout ce qui s'est amassé avec le temps est balayé et laisse alors à découvert l'enfoui. On coule avec ennui dans une immobilité suicidaire. Rappelez-vous que l'âme de la volonté a chuté. Le glissement dans la terre noircissant au goût se fait dans une mélodie de sons neutres et amers. La désorientation prend place quelque part dans notre corps qui devient, malgré nous, un univers aux frontières pourtant imperméables et connues. C'est l'opaque densité de ce terrible monde qui étouffe ce qu'on veut hurler à s'en débarrasser, ce qu'on veut lancer vers l'inatteignable.
Pendant l'écoulement de ce temps, où ce qui a été détruit est disparu, un chantier occupe le territoire abandonné. De nouveaux édifices communiquent maintenant par de nouveaux ponts réunissant de nouveaux gens partageant de nouveaux liens fabriquant de nouvelles histoires. Le poids de ces nouveautés compactent la terre au dessus de nos suffisamment affligeants débats.
La pression du supérieur finira par briser peu importe ce qui nous rappelait l'air pur. La terre s'infiltrera pour nous dissoudre également à travers toute conscience.
Cela prendra pour toujours, à en croire que nos existences ne furent qu'un spasme et que le froid du souterrain est  la température idéale pour être.

5.10.11

Un seul instant isolé dans une infime faille du temps



Quelqu'un m'a probablement déjà dit que s'il ne m'avait jamais adressé la parole, peut-être que je m'aurais intéressé à ce que cette personne venait tout juste de me confier, et ce, avant qu'elle meurt d'amour pour moi. Mais, puisque les mots ne m'ont jamais perçu comme un des leurs, je ne croirai pas à ces allégations, même sous le projecteur pénible de tous ces visages déchiffrés.

***

Croire qu'il est possible d'élaborer un sourire sans qu'une main ne se réconforte dans un endroit claustrophobique. Penser, que pour une seule fois, au débit d'un mélange hétérogène d'intentions et d'intuitions, pourrait se marier avec un seul instant isolé dans une infime faille du temps, cette déprimante joie.
C'est vivement naïf. Pourtant si intelligent.
Naturellement, mon premier pas se fait sur un plancher glacé et le deuxième dirige mon pied dans une baignoire brûlante.
Bizarrement, tu poses les tiens au trottoir vers ce qui te plaît, ce qui te calme, ce qui finira par te faire frissonner dans un coin humide et moulé à ton corps.
On se fera face lorsque, en négligeant les trajets, nous oublierons où nos pieds sont posés. Nous serons, en un seul instant isolé dans une infime faille du temps, là où l'air n'étouffe plus ceux morts d'amour.
Là.
Nous flotterons dans une mousse verdâtre qui infiltrera nos poumons. Au même moment, la douce matière soulèvera nos carcasses jusque dans la fosse, récipient abstrait dans lequel les corps intertemporels s'affranchissent, mais où la conscience s'imbibe d'une odeur subtilement dérangeante.
Ici.
Revenants réempruntant nos chemins d'école, nous boiterons en parallèle, l'automatisme de la marche affectée par le trépas, la coordination de nos réalités brouillée.
Nous aurons sauvagement perdu. Nous seront des animaux qui ne jouent plus.
Un seul instant isolé dans une infime faille du temps aura disjoint nos courses de nos projections.
Un seul instant isolé dans une infime faille du temps et nous déambulerons dans nos angles morts.