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30.11.11

Aléatair


Je viens d'atterrir où je ne m'y attendais pas. J'ai décollé parce que je le sais juste assez un peu pourquoi. Ça coûte cher tous ces voyages. Toutes ces destinations, j'ai toujours de la misère à savoir si elles sont nouvelles. Les endroits, ils changent, ils virent à l'envers, ils explosent, ils implosent, ils se colorent, ils fondent, ils s'égrainent.
Ce qui reste toujours pareil, c'est l'entière et inévitable consécration de tout mon esprit à ces vacances. Elles me tiennent plus occupé que n'importe quoi d'autre.
Je n'aime pas les vacances. Je voudrais rester avec les gens qui prennent leurs occupations à la légère. Ceux qui n'ont pas besoin de partir, ceux que je quitte trop souvent. Ceux qui n'ont jamais mal au coeur à force de prendre toutes sortes de moyens de transport. Ceux qui quelquefois vont partir, mais qui en reviennent éduqués, ceux qui en profite.
Car je n'en tire rien. Vraisemblablement. J'y retourne toujours, il me semble. Il en vient que je distingue mal mes congés et ma routine. Mes embarquements sont rendus trop subtils, je n'ai même plus besoin de faire attention à la marche... Je connais ces escaliers autant que ceux de ma maison maternelle, lesquels je monte et descends dans le noir et sans aucun souci. À moitié endormi, à moitié engourdi.
Aucun agent de bord n'est là pour veiller sur moi, je suis un habitué, on me reconnait. J'ai l'air à l'aise dans les airs. Mais ce n'est que parce que je suis trop haut et que personne n'a envie ou voit l'utilité de traîner sa longue-vue afin de voir mon visage en route vers mes vacances. On ne part pas contre son gré, qu'ils croient.
Je t'en achèterai des jumelles, tu verras, que je veux des boulets à mes pieds. Même si j'ai l'air d'un voyageur, même si j'ai l'air chez moi, si j'ai l'air comme mon chez-soi, même si mon air est vide et froid.

16.11.11

Difficiles Coïncidences.


C'est une question de chance à laquelle j'aimerais que tu répondes. Il te sera par contre impossible de me donner cette réponse à laquelle je ne m'attends jamais.

Ce n'est pas qu'elle est si difficile. Je crois d'ailleurs que c'est une d'elles qui nous passent par la tête trop légèrement, sans assez d'énervement influant sur nos neurones afin de les mettre sur papier. Une d'elles qui, du bout de notre langue, sont trop loin pour nous faire ravaler nos paroles. Ces idées oubliées involontairement ou non qui nous fâchent d'être nées ou omises. Ces brèves pulsions qui émanent une grande chaleur éphémère pouvant également être de si infimes traces d'inconscience perpétuelles et frisquettes.

Ce n'est pas qu'elle est si difficile. Ce n'est plutôt qu'une affaire de circonstances.

Que pour exister et par le fait même être franchement énoncée, les innombrables spatiaux doivent s'adonner aux infinis temporels. Que dans un contexte issu de ces facteurs, des choses aussi banales que des conventions sociales soient respectées avec attention ou totalement bafouées d'une telle manière appropriée. Et qu'à travers tous ces agencements mécaniques devront maintenant se lier des fragiles états d'âme par leur compatibilité ou mieux encore par ce qui les distingue.

Comprendre qu'il est cependant pénible de réfléchir avec l'ouverture d'esprit emmitouflée dans un confort assuré. Avouer qu'une erreur est plus facile à accepter qu'une vérité impossible. S'empêcher de se poser ces questions si tellement autant impertinentes. C'est ça, qui est réellement difficile.

13.11.11

perdre connaissance


Il y a un conflit cognitif qui n'est plus négligeable. Il y a une distance maintenant trop considérable et je suis essoufflé. J'ai tellement cogné à ma porte que j'en saigne. Je n'ai plus de souffle et je me vide de mon sang. Je perds connaissance. J'ai les genoux qui flanchent. Mon sol est instable, le ciel ne lui est plus parallèle.
Je suis en plein milieu de la balance, mais je reste constamment sans équilibre. 

Je m'accroche à ce qui me glisse imperceptiblement des doigts. On me sert la main, ça ne suffit. Elle seule ne sait comment réagir. Doit-elle rattraper ce qui s'échappe ou saisir ce qui semble plus léger? Ma main ne voit rien, ne devine pas. Elle pèse ce qu'elle tient et compare tout ce qu'elle a déjà connu. 

À quel point l'effort devient-il affliction? Comment sagement reconnaître qu'une régression est irrécupérable? Un défaitiste orage se déferle sur moi.  Des chocs intermittents me paralysent, me font tomber à genoux. Et des genoux je saigne. 

Je perds encore de mon sang. Je perds encore de ma connaissance. Cette ombre infidèle qui s'est décousue à mon insu. 
Et là, agenouillé dans une flaque d'eau rougeâtre, sans lumière, sans ombre, je suis à moitié conscient, à moitié connaissant, à moitié connu.