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25.1.11

Le monde des (&) haïssables moutons


Je suis un handicapé. Un handicapé social. Il y a du monde que j'aime. Que j'aime inconditionnellement.  Le monde en général, toutefois, m'est qu'une vapeur. Il ruisselle tièdement entre ma peau et mes vêtements. Ce que je voudrais être dans un désert sans conditions. Et d'ainsi n'avoir que le temps de fixer mon soleil à travers ces nuages tièdes. Qu'il me chauffe le sable en dessous de mes pieds et qu'il m'offre mille et un mirages.

***

Que les moutons restent brouter à leur pâturages. Que les moutons noirs se tiennent en gang avant de passer au rasoir comme tout les autres. Si le désert n'existe pas, je serai le loup qui s'attaque instinctivement au troupeau. Qui ne mange son assiette qu'à moitié. Un loup guettant le spectacle dans l'ombre de sa horde. Ou ce qu'il croit être une ombre. Car il ne regarde qu'au noir de la journée et qu'il ne se plait qu'à hurler aux étoiles, la gorge à leur merci.
Il n'y a pas si longtemps qu'il était un de ces chiens. Obéissant aux règlements du berger. Mais c'est à cause de ces maudits moutons et leur frustrante innocence. Leur incroyable complaisance face à l'insignifiance qu'ils se partagent. Leur épatante indifférence à ne s'exprimer qu'en bêlant. N'en manger qu'un seul, ou même seulement une moitié, n'y paraît. Tant à l'oeil qu'au coeur. Tant à l'esprit qu'à la faim. Ils ne sautent la clôture qu'en rêves. Ils ne parlent qu'en comédie. Ces haïssables moutons.
Le chien que j'ai été s'est réfugié de cette apeurante sécurité au plus près du ciel étoilé. Le haut de cette falaise a bercé l'instinct berger jusqu'au coma. Dorénavant, c'est maintenant une errance qui demeure emprisonnante. Puisque tout tourne autour des moutons qui tournent autour de tout.

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